AVEUX

Cette nuit, une fois de plus,
Tu es venue hanter mes rêves.
M'accorderas-tu une trêve,
A moi encore si ingénu ?

Dans mes songes, tu es toujours
La même. Tu es rayonnante,
Mais plus encore quand tu chantes,
Car alors tu n'es plus qu'amour.

Cependant, à mon grand regret,
Ta silhouette et ton visage,
Flous, mais dignes de louanges,
Ne me sont jamais dévoilés.

Aujourd'hui, ce dont je suis sûr,
C'est que tu déchires mon cour,
Car pour moi tu es le bonheur,
Inaccessible aux êtres impurs.

Hélas ! Mon âme est bien trop laide
Pour que tu puisses m'accorder
La faveur de ton amitié,
Alors que j'ai tant besoin d'aide !

Et pourtant j'ose me mettre à nu.
En te déclarant mon amour,
Sans même t'avoir fait la cour,
Je sais que je serai déçu.

Mais qu'importe puisqu'alors,
Tremblant, de froid et de terreur,
Ruminant ma terrible erreur,
Je n'aurai qu'à tirer au sort :

Le courage ou la lâcheté,
Le présent ou l'éternité,
La peur ou la tranquillité :
En un mot : la vie ou la mort.

(Jérôme LAMARQUE - 28 décembre 2000)